Retirer son 2ème pilier en capital: tout ce que vous devez savoir

Retirer son 2ème pilier en capital: tout ce que vous devez savoir
Le retrait du 2ème pilier en capital séduit de nombreux assurés en Suisse, mais il implique des décisions financières importantes et irréversibles. Cet article vous guide à travers les règles essentielles, les montants retirables et les points d’attention pour faire un le bon choix en fonction de votre situation personnelle.

Sous quelle forme puis-je percevoir mes avoirs LPP ?

La prévoyance professionnelle, ou 2ème pilier, vise à maintenir le niveau de vie à la retraite en complément de l’AVS. Lors de l’arrivée à l’âge de la retraite, les assurés peuvent choisir entre une rente viagère et un retrait en capital, ou une combinaison des deux selon les règlements de leur caisse de pension.

Le retrait en capital offre une plus grande flexibilité: il permet, par exemple, d’investir, de rembourser une hypothèque ou de planifier sa succession. Toutefois, il comporte aussi des risques, notamment celui de devoir gérer son épargne sur une durée de vie incertaine. Avant de décider, il est crucial de comprendre combien vous pouvez retirer, sous quelles conditions et quelles sont les conséquences fiscales et patrimoniales.

Combien puis-je retirer en capital ?

En Suisse, selon la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle (LPP), chaque assuré a le droit de retirer au moins un quart de son avoir de vieillesse obligatoire sous forme de capital, indépendamment du règlement de sa caisse de pension​​.

Cependant, certaines institutions de prévoyance offrent la possibilité de retirer davantage, voire la totalité de l’avoir accumulé, à condition que leur règlement interne le prévoit expressément. Ce droit n’est donc pas automatique pour l’intégralité du capital.

Exemple concret

Monsieur Dupont atteint l’âge de la retraite avec un avoir de vieillesse de CHF 400’000 (partie obligatoire), et CHF 100’000 (surobligatoire) dans sa caisse de pension. Conformément à la loi, il peut retirer au minimum CHF 100’000 (soit 1/4) en capital. Si son règlement de prévoyance le permet, il pourrait également choisir de retirer la totalité des CHF 500’000.

Quand puis-je demander un retrait en capital ?

En Suisse, vous pouvez demander un retrait en capital de votre 2ème pilier principalement au moment de votre retraite réglementaire. L’âge ordinaire de la retraite est fixé à 65 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes (65 ans pour les femmes dès 2028, avec la réforme AVS 21).

Pour une retraite anticipée, qui commence à 58 ans selon la plupart des règlements, un retrait en capital est possible à condition que la caisse le permette.

D’autres conditions existent et permettent de retirer les avoirs avant l’âge ordinaire de la retraite:

Devrais-je retirer mon 2ème pilier en capital en vu de ma retraite ?

La tentation de retirer son 2ème pilier en capital est naturelle. Disposer librement de son épargne donne une impression de sécurité et d’autonomie. Mais cette décision mérite d’être mûrement réfléchie, car elle implique des enjeux financiers considérables.

À la retraite ordinaire, le 2ème pilier offre une rente viagère calculée avec un taux de conversion actuellement très élevé : 6.8% sur l’avoir obligatoire. Cela signifie qu’avec un capital de CHF 400’000, vous percevriez une rente annuelle d’environ CHF 27’200. Sur une espérance de vie moyenne après la retraite estimée à 20 ans, cela représente au total CHF 544’000 perçus au fil du temps. Comparé au capital initial, cela correspond à un gain de CHF 144’000. Ce « surplus » est important et difficile à reproduire par d’autres moyens : obtenir un rendement équivalent sur les marchés financiers supposerait un gain d’environ 36%, ce qui est ambitieux, surtout si l’on considère le besoin de sécurité à la retraite.

Il faut également garder en tête qu’une rente LPP est garantie à vie, indépendamment de l’évolution des marchés ou de votre longévité réelle. En choisissant la rente, vous vous prémunissez donc contre le risque de vivre plus longtemps que prévu et d’épuiser votre épargne.

Cela étant dit, retirer le capital peut être pertinent selon vos objectifs personnels. Si vous souhaitez rembourser une hypothèque pour réduire vos charges fixes, investir dans un projet personnel ou prévoir un héritage pour vos enfants, le capital vous offre une flexibilité que la rente ne permet pas. Il convient toutefois de bien évaluer les impacts, notamment fiscaux, par exemple en tenant compte de la déductibilité des intérêts hypothécaires si vous décidez de solder un emprunt immobilier.

Comment retirer son 2ème pilier ?

Vous devez annoncer votre souhait de retrait en capital suffisamment tôt, plusieurs mois avant l’âge de votre retraite effective. Chaque institution de prévoyance fixe ses propres délais internes, mais il est courant d’exiger que la demande formelle soit déposée au moins six mois avant le départ en retraite. Passé ce délai, le droit au versement en capital peut être perdu et seul le versement d’une rente sera encore possible. L’accord du conjoint (époux ou épouse) est requis par la LPP.

Comment est imposé le capital issu de la LPP ?

En Suisse, le capital retiré du 2ème pilier est soumis à un impôt sur les prestations en capital. Lors du retrait, l’avoir est imposé à un taux réduit, équivalent à 1/5 du taux d’imposition usuel. L’impôt est dû dans le canton de domicile au moment du versement, sur la base du décompte transmis par la caisse de pension aux autorités fiscales. Pour les personnes domiciliées à l’étranger, l’impôt est perçu directement à la source en Suisse.

Le montant de l’impôt varie fortement selon le canton. À Genève et à Lausanne, par exemple, un retrait de 500’000 francs entraîne un impôt d’environ 39’000 à 42’000 francs pour une personne seule. En Valais ou à Fribourg, les montants peuvent être légèrement inférieurs, mais restent substantiels. Plus le montant retiré est élevé, plus le taux effectif d’imposition augmente, en raison de la progressivité du barème.

À noter que les rachats volontaires dans le 2ème pilier, souvent effectués pour optimiser sa prévoyance, sont fiscalement déductibles. Toutefois, pour conserver cet avantage, il faut attendre au moins trois ans avant de retirer le capital, sous peine de devoir rembourser la déduction fiscale.

Pour limiter l’impôt sur le retrait, deux stratégies sont courantes. La première consiste à échelonner les retraits sur plusieurs années afin de profiter à chaque fois d’un taux plus bas. La seconde est de s’établir, de manière réelle et reconnue, dans un canton à fiscalité plus favorable l’année du retrait. Certains cantons comme Zoug, Schwyz ou Obwald offrent des conditions nettement plus avantageuses que Vaud, Genève ou Neuchâtel.

Comment retirer mon capital de libre passage ?

Le retrait du capital de libre passage est possible à l’âge de la retraite ordinaire ou anticipée, conformément aux dispositions de votre contrat de libre passage et dans les cas de figures définis par la LPP.

Pour effectuer un retrait, vous devez en faire la demande écrite auprès de votre institution de libre passage. Il est indispensable de fournir tous les justificatifs requis, qui varient selon le motif du retrait. De plus, il est important de noter que les avoirs de libre passage, comme ceux d’une caisse de pension, sont soumis à l’impôt sur les prestations en capital au moment du retrait.

Questions fréquentes

Non, si vous ne faites pas de demande explicite dans les délais fixés, la caisse de pension versera une rente. Le retrait en capital doit toujours être expressément sollicité.

Oui, la LPP prévoit le retrait en capital de votre avoir vieillesse à hauteur de 1/4 (avoir obligatoire). Toutefois, certaines caisses de pension prévoient des prestations supérieures.

 Oui. Si vous restez affilié à une caisse de pension après l’âge légal de la retraite (par exemple en prolongeant votre activité professionnelle), la plupart des règlements prévoient une limite au plus tard à 70 ans. Passé cet âge, seul le versement d’une rente reste possible.

En cas de décès avant le retrait, le capital accumulé est versé selon l’ordre des bénéficiaires défini dans le règlement de l’institution, souvent au conjoint ou aux enfants. S’il n’y a pas d’ayants droit, le capital retourne à la caisse de pension.

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