Conditions de retrait du 2ème pilier en Suisse

Système de prévoyance suisse(2)
En Suisse, la prévoyance professionnelle – ou 2e pilier – a pour objectif de permettre aux assurés de maintenir leur niveau de vie après la retraite, en complément des rentes AVS (1er pilier). La loi prévoit cependant plusieurs situations dans lesquelles les avoirs du 2e pilier peuvent être retirés de manière anticipée.

Qu’est-ce que le 2e pilier ?

Le 2e pilier est obligatoire pour les salariés dont le revenu annuel dépasse un seuil minimum (CHF 22’680 dès 2025​). Les cotisations sont partagées entre l’employé et l’employeur, et versées dans une institution de prévoyance (caisse de pension). Ce système d’épargne repose sur un principe de capitalisation : les cotisations versées sont investies et génèrent un avoir personnel.

Situations donnant droit à un retrait

Votre avoir LPP peut être retirer sous plusieurs conditions:

1. Retrait ordinaire à la retraite

La situation la plus courante est le retrait au moment du départ à la retraite. À l’âge légal (65 ans pour les hommes et progressivement 65 pour les femmes dès AVS21), l’assuré peut percevoir son avoir sous forme de rente viagère, de capital unique, ou d’un mix des deux si le règlement de sa caisse le permet. L’assuré est en droit de demander le retrait de son capital de 25% minimum.

Le choix de percevoir tout ou partie du capital au lieu d’une rente doit être formulé par écrit dans un délai défini par la caisse (souvent 1 à 3 ans avant la retraite). Une fois ce choix effectué, il est irrévocable.

2. Retrait anticipé pour départ à la retraite

La plupart des caisses de pension permettent un départ anticipé à partir de 58 ans. Dans ce cas, l’assuré peut demander une rente anticipée (avec un taux de conversion plus faible), ou un versement en capital selon les conditions de son règlement.

Certaines institutions imposent une réduction de prestations proportionnelle à chaque année d’anticipation. En général, une anticipation peut réduire le taux de conversion entre 0.10 et 0.30% par année d’anticipation.

3. Retrait pour l’achat d’un logement en résidence principale

La loi sur le libre passage (LFLP) autorise l’utilisation du capital du 2e pilier dans le cadre de l’encouragement à la propriété du logement (EPL). Deux options sont possibles :

Le bien immobilier doit impérativement être utilisé comme résidence principale (et non comme résidence secondaire ou objet de rendement). Le retrait est soumis à un impôt unique sur les prestations en capital, à un taux réduit.

4. Départ définitif de Suisse

En cas de départ vers un pays hors de l’Union européenne ou de l’AELE, l’assuré peut retirer la totalité de son avoir LPP (part obligatoire et surobligatoire). En revanche, pour un départ vers un pays de l’UE ou AELE, seul l’avoir surobligatoire peut être retiré. L’avoir obligatoire est transféré sur un compte de libre passage.

Une preuve du nouveau domicile à l’étranger est exigée (attestation de résidence, radiation de la commune, etc.).

5. Lancement d’une activité indépendante

Lorsqu’une personne quitte son activité salariée pour se mettre à son compte en tant qu’indépendant, elle peut demander le versement de son avoir de prévoyance. Ce retrait est possible uniquement dans un délai d’un an après le début de l’activité indépendante, et à condition que cette activité ne soit pas secondaire.

Des justificatifs concrets sont demandés (inscription à l’AVS comme indépendant, statut fiscal, etc.).

Fiscalité des retraits en capital

Le retrait d’un capital LPP est imposé séparément du revenu, à un taux préférentiel progressif, calculé selon le canton et le montant retiré. Plus le capital est élevé, plus le taux d’imposition augmente. Pour optimiser l’impôt, il est courant de planifier un retrait échelonné, notamment pour les assurés disposant de plusieurs comptes de libre passage.