2e pilier pour indépendant: bonne ou mauvaise idée ?

2e pilier pour indépendant: bonne ou mauvaise idée ?
Pour beaucoup d’indépendants, le 2e pilier reste un grand oublié de la stratégie de prévoyance. Pourtant, il peut devenir un outil efficace, notamment pour ceux dont le revenu dépasse les CHF 100'000 par an.

Pourquoi un indépendant devrait-il avoir un 2e pilier ?

En Suisse, les travailleurs indépendants ne sont pas tenus de cotiser au 2e pilier (prévoyance professionnelle). Ce statut particulier leur confère une grande liberté, mais aussi beaucoup de responsabilités en matière de sécurité financière et de gestion des risques, car ils doivent gérer eux-même leur prévoyance.

Si la majorité mise en priorité sur le pilier 3a pour sa souplesse et ses avantages fiscaux, un 2e pilier facultatif s’avère aussi efficace dans une stratégie de prévoyance. Surtout pour ceux qui ont des revenus stables et souhaitent optimiser leur fiscalité via des rachats entièrement déductibles, tout en se garantissant une rente à vie.

Chiffres LPP 2025

Quels sont les avantages d’un 2e pilier pour un indépendant ?

S’affilier volontairement au 2e pilier permet à un indépendant de bénéficier d’un cadre structuré et fiscalement avantageux pour sa prévoyance.

Déductions fiscales

Les cotisations versées dans le cadre du 2e pilier sont intégralement déductibles du revenu imposable. En 2025, un indépendant peut assurer un salaire allant jusqu’à CHF 64’260 (partie obligatoire), avec des taux de cotisation progressifs selon l’âge (de 7 % à 18 %).

À cela s’ajoute la possibilité de rachats volontaires, eux aussi déductibles. Les rachats augmentent les prestations et les montants, souvent importants, permettent d’effectuer des économies fiscales importantes.

Option sécuritaire pour la retraite

L’un des principaux atouts du 2e pilier est la rente viagère qu’il offre. Contrairement au pilier 3a, qui est généralement perçu en capital à la retraite (avec le risque de devoir le gérer soi-même sur plusieurs décennies), la rente du 2e pilier est versée à vie, quel que soit le nombre d’années vécues après le départ à la retraite.

C’est une forme de sécurité psychologique et financière: elle protège contre le risque d’épuiser ses ressources à un âge avancé, surtout avec une espérance de vie qui augmente chaque année. De plus, pour un indépendant, dont les revenus fluctuent souvent, cette garantie d’un revenu mensuel fixe est précieuse. Finalement, les rentes de conjoint ou d’orphelin en cas de décès assurent une continuité de soutien pour les proches.

Meilleure protection contre les risques

Le 2e pilier ne se limite pas à la retraite. Il inclut aussi une assurance invalidité et une couverture en cas de décès. En cas d’incapacité de travail, l’indépendant peut toucher une rente d’invalidité calculée sur la base de son salaire assuré.

En cas de décès, une rente de conjoint ou un capital décès peut être versé aux bénéficiaires désignés. Cela évite à l’indépendant de devoir souscrire à de multiples contrats privés. En centralisant cette couverture dans une caisse de pension, on simplifie et sécurise sa prévoyance.

Inconvénients d'un 2e pilier pour indépendant

Si le 2e pilier offre des avantages certains pour les indépendants à revenu élevé, il n’est pas exempt de limites.

Cotisations élevées

Contrairement aux salariés, qui partagent les cotisations avec leur employeur, l’indépendant assume 100 % des contributions. En 2025, selon l’âge, cela peut représenter entre 7% et 18 % du salaire assuré. Il s’agit d’un effort financier conséquent, qui peut peser sur la trésorerie, en particulier pour les petites structures ou en cas d’activité irrégulière.

Moins de flexibilité qu’un pilier 3a

Le cadre du 2e pilier est plus rigide. Les cotisations sont définies selon un plan préétabli. À l’inverse, le pilier 3a permet souvent des stratégies d’investissement plus souples (fonds indiciels, profils de risque, etc.) et une gestion plus agile de l’épargne. Le pilier 3a est donc une meilleure solution pour les indépendants souhaitant avoir plus de contrôle sur le placement de leur capital.

Peu de liberté dans le choix de la caisse de pension

Contrairement aux salariés, vous devez choisir vous-même une institution auprès de laquelle vous affilier volontairement. Certaines professions libérales (architectes, avocats, médecins, etc.) disposent de caisses spécifiques à leur activité, souvent bien optimisées. Si vous êtes membre d’une association professionnelle affiliée à une telle institution, vous pouvez y cotiser.

Une autre solution, si vous avez des employés et une caisse pour votre entreprise, est de vous y affilier à titre personnel comme indépendant. Finalement, si vous n’avez accès à aucune caisse via votre réseau ou votre personnel, vous pouvez vous affilier à la Fondation institution supplétive LPP. Elle est tenue d’accepter les indépendants assurés à l’AVS en Suisse, même sans lien professionnel préalable. Elle représente souvent une solution de dernier recours, avec des prestations correctes mais souvent peu rémunératrices.

Perte du plafond 3a avantageux

En s’affiliant facultativement à la LPP, l’indépendant perd le droit de verser jusqu’à 20 % de son revenu AVS dans le pilier 3a (plafond fixé à CHF 36’288 en 2025). Il est alors soumis au même plafond que les salariés affiliés à un 2e pilier, soit CHF 7’258 maximum en 2025. Il renonce ainsi à un des meilleurs leviers fiscaux disponibles pour les indépendants sans LPP.

Pas de liberté dans le montant des cotisations

Dans le 3e pilier, l’indépendant peut ajuster ses versements chaque année en fonction de sa situation financière. Ce n’est pas le cas dans le 2e pilier, où les cotisations sont déterminées par le revenu AVS et les plans proposés par la caisse. Il n’a aucune marge de manœuvre pour baisser ou suspendre ses cotisations si son activité ralentit.

2e pilier ou 3e pilier A ?

Vous hésitez entre un 2e et 3e pilier A ? Découvrez notre tableau comparatif:

Facultative, nécessite une caisse qui accepte les indépendants
Ouvert à tous les assurés AVS, très accessible via banques ou assurances

Cotisations déductibles (salaire max. CHF 64’260)

Généralement standardisé (taux d’intérêt garanti)
Large choix (fonds indiciels, profils de risque, gestion active/passive)
Inclut invalidité et décès
Optionnelle selon le contrat choisi
Rente viagère prioritairement (possibilité de capital partiel)
Capital versé en une fois
Oui: possibilité de rachats déductibles fiscalement
Rachats possibles dés 2026 pour 2025
Revenus élevés, besoin de rente garantie et optimisation fiscale
Indépendants en phase de démarrage ou recherchant plus de flexibilité
Faible: cotisations définies par le salaire assuré

Conclusion

Le 3e pilier reste le premier réflexe à adopter, notamment pour sa flexibilité, sa facilité d’accès et ses possibilités d’investissement variées. Il convient parfaitement aux indépendants en phase de lancement, ou à ceux dont les revenus sont encore fluctuants.

Le 2e pilier, quant à lui, prend tout son sens dès que le revenu annuel devient stable et confortable. Il permet non seulement de réduire significativement la charge fiscale, mais aussi de construire une rente viagère sécurisée, difficile à égaler avec des produits purement privés. Il renforce également la protection contre les risques majeurs, comme l’invalidité ou le décès.

La meilleure approche consiste à combiner les deux. Utiliser le 3e pilier A pour sa souplesse et son potentiel de rendement, tout en s’affiliant à un 2e pilier bien structuré pour bénéficier des rachats, des déductions fiscales complémentaires, et d’une sécurité long terme. Cette stratégie hybride permet de bâtir une prévoyance solide, optimisée et équilibrée.

Table des matières